Importations d’acier et d’aluminium
Détrompez-vous, Trump se trompe
par Éric Cyr
Le président américain Donald Trump a fait connaître son intention d’imposer une tarification de 10 % sur les importations d’aluminium et de 25 % sur celles de l’acier. Trump a beau avoir une trempe d’acier, mais selon le Syndicat des Métallos, le Canada doit impérativement être exclu de tarifs douaniers américains récemment annoncés dans le cas de l’acier et l’aluminium produits au Canada.
« Les importations d’acier et d’aluminium en provenance du Canada ne font pas partie du problème que tente de résoudre l’administration américaine avec son enquête en vertu de l’article 232 sur la sécurité nationale. Ça saute aux yeux », fait valoir le directeur canadien du Syndicat des Métallos, Ken Neumann, qui poursuit : « Au cours de l’enquête du Département du commerce, il a été clairement démontré que le Canada est un allié névralgique des États-Unis, qui devrait être exclu de toute forme de tarif. Le Canada ne fait certainement pas partie des ‘mauvais joueurs’ aux pratiques commerciales déloyales qui font du dumping d’aluminium et d’acier sur le marché américain. Bien au contraire, les exportations d’acier font partie d’une chaîne d’approvisionnement intégrée. Imposer des tarifs sur les importations canadiennes risque de causer des dommages considérables à l’économie des deux côtés de la frontière. Des emplois sont en jeu aux États-Unis comme au Canada. » M. Neumann explique qu’à l’origine l’enquête du gouvernement américain se voulait une réplique aux pratiques commerciales de certains pays qui menacent la sécurité nationale de ce pays. « De toute évidence, des tarifs doivent être imposés et des actions punitives prises contre les ‘mauvais joueurs’, ceux qui pratiquent le dumping comme la Chine, l’Égypte, l’Inde, la Malaisie, la Corée, la Russie, la Turquie et le Vietnam », poursuit-il.
Le président international des Métallos dont le siège social est à Pittsburgh aux États-Unis, Leo W. Gerard, renchérit : « Le Canada n’est pas le problème! » Ce dernier souligne que les deux pays partagent une industrie manufacturière bien intégrée. « Le Canada et les États-Unis entretiennent une relation de confiance unique en matière de défense et de renseignement.
Cette relation est essentielle à la sécurité nationale. Peu importe la solution envisagée au sujet des importations d’acier et d’aluminium, elle devra épargner le Canada », souligne M. Gerard qui demande du même souffle au Canada de s’engager à donner beaucoup plus de mordant à ses lois du commerce et à collaborer plus étroitement avec les États-Unis pour intervenir sur la surproduction mondiale d’acier et d’aluminium.
Au Québec
Le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau, abonde dans le même sens et estime que le Canada doit impérativement être exclu d’éventuels tarifs ou quotas sur ces métaux. « Le Canada constitue une source d’approvisionnement stable, sécuritaire, à proximité des usines américaines et favorable sur le plan de l’environnement. Chaque fois qu’on augmente la production d’aluminium au Québec à partir d’hydroélectricité, on diminue les gaz à effet de serre sur la planète. Il reste à espérer que les États-Unis exempteront bel et bien la production du Québec et du Canada de tarifs et de quotas sur l’acier et l’aluminium », a-t-il plaidé.
Le Syndicat des Métallos réitère son appel au gouvernement canadien afin qu’il prenne des moyens fermes afin de soutenir les industries et les emplois au pays. « Les tarifs américains pourraient avoir pour effet d’augmenter le dumping d’acier étranger au Canada, certains producteurs cherchant de nouveaux débouchés pour leur surproduction. Le gouvernement fédéral doit absolument prendre les mesures qui s’imposent pour protéger l’économie et les emplois au Canada », conclut Ken Neumann. Les États-Unis ne taxeront pas pour l’instant l’acier et l’aluminium, mais cette décision n’est pas définitive et Trump pourrait renverser la vapeur si la nouvelle mouture de l’accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) ne lui convient pas.