Mine de fer du lac Bloom
En attendant que le champion croise le fer
par Éric Cyr
La compagnie minière Champion, qui est propriétaire de la mine de fer du lac Bloom via sa filiale la société Minerai de fer Québec, a récemment dévoilé les faits saillants de l’étude de faisabilité destinée à la relance de ses installations à proximité de Fermont, le 16 février dernier, après la visite des administrateurs de l’entreprise qui se sont rencontrés pendant quatre jours dans cette localité nordique, soit du 31 janvier au 3 février.
Patienter avant le coup d’envoi
La compagnie Champion ne peut déterminer avec précision quand elle va redémarrer les activités du site minier, mais la direction a confirmé que plusieurs dirigeants tenaient à visiter les infrastructures et prendre contact avec la communauté. Investissement Québec (IQ), qui avait allongé 20 millions de dollars par le biais de Ressources Québec et du fonds Capital mines hydrocarbures pour mettre la main sur une participation de 36,8 % dans la minière, a profité de cette visite pour rencontrer les administrateurs de l’entreprise. Une porte-parole d’IQ, Chantal Corbeil, indiquait alors que Champion devait d’abord présenter une étude de faisabilité positive, ce qui a été fait, le 16 février, et compléter son montage financier avant une éventuelle continuation de la production minière. Québec, qui est déjà partenaire du projet, n’écarte pas la possibilité de donner un coup de pouce supplémentaire et de réinvestir.
Potentiel mondial et de longue durée
Les faits saillants de l’étude de faisabilité sont encourageants puisque l’étude démontre que la reprise des activités d’extraction de minerai de fer est viable financièrement et qu’elle serait compétitive sur les marchés mondiaux. Elle aurait même le potentiel de devenir l’une des principales mines de fer de longue durée de la région. Un redémarrage de la production de la mine contribuerait grandement à l’économie. Le président-directeur général de Champion, Michael O’Keefe, a déclaré :
« Nous franchissons aujourd’hui une étape déterminante avec des données des plus concluantes. Basée sur des hypothèses prudentes, l’étude démontre que la relance anticipée de la mine de fer du lac Bloom s’avère viable. À vrai dire, très peu de projets de minerai de fer offrent le potentiel de plus de 20 ans de production à des coûts d’exploitation très compétitifs, tout en étant stratégiquement situés à proximité de toutes les infrastructures nécessaires. Plus encore, ce projet s’inscrit dans ce que nous considérons comme une juridiction minière de premier plan à l’échelle mondiale. Je suis convaincu que l’étude et les caractéristiques du projet permettront à Champion Iron d’obtenir l’appui et le financement des investisseurs en vue d’atteindre notre objectif ultime, celui de ramener la mine du lac Bloom en production commerciale. »
Les discussions se poursuivent
Selon cette analyse, Champion évalue à 44,62 $ la tonne le coût de production moyen du site. Le président à l’ingénierie de la société minière, David Cataford, explique qu’en considérant les prix, le taux de change et les coûts de transport par navire entre la Côte-Nord et l’Asie, le projet serait rentable avec un prix de 60 dollars américains la tonne alors que le prix actuel oscille aux alentours de 85 $ US. La minière envisage une production annuelle de concentré de fer pouvant atteindre 7,5 millions de tonnes dès 2018. La direction considère qu’il n’est pas « irréaliste » de penser que le montage de 327 millions de dollars nécessaire pour boucler le financement, dont près de la moitié servirait à procéder à une mise à niveau des équipements du site de Fermont, puisse être réalisé uniquement avec des capitaux privés.
M. Cataford confie que l’entreprise échange actuellement avec plusieurs groupes et que le contexte est beaucoup plus favorable qu’auparavant. Ce dernier n’écarte pas le scénario dans lequel l’État québécois pourrait être mis à contribution affirmant que toutes les options sont envisagées. Ressources Québec, une filiale du bras financier gouvernemental (IQ), pourrait d’ailleurs octroyer un prêt de 6 millions de dollars, ce qui reste à finaliser. Concernant l’éventualité d’injecter davantage de fonds publics dans l’aventure, IQ a indiqué que des discussions étaient en cours avec l’entreprise. M. Cataford précise que l’important, c’est de redémarrer le projet, créer des emplois et générer des retombées économiques. Ce dernier croit qu’il est possible de mettre la machine en marche dès la première moitié de la prochaine année et d’embaucher environ 350 employés. Celui-ci affirme que malgré le fait que la mine a été mise en veilleuse, l’équipement a été bien entretenu et que tout a été inspecté afin d’optimiser le lancement.