Le journal des villes nordiques
Trente-cinq ans d’adaptation et d’évolution
par Le TDN
La fondation
Lors du sommet socio-économique de 1981, les Fermontois décident de se doter d’un médium qui rejoindrait les villes de Fermont, de Gagnon, de Schefferville au Québec et de Labrador City au Labrador. Une année plus tard naissait le comité de citoyens de Fermont. Celui-ci était composé de Joël Proulx, Patsy Bérubé, Céline Beaulieu, Louise Thériault et Micheline O’Brien. Ce comité a recruté des membres de chacune des localités concernées afin de siéger au conseil d’administration du futur journal. Le nouveau média de presse écrite fut alors baptisé Journal des villes nordiques Le Trait d’union du Nord. Les premières éditions du 11 février et du 25 février 1983 ont été publiées sur des feuilles brochées 8 1/2 x 14 et le média communautaire devint rapidement un tabloïd bimensuel, le 3 mars de la même année. Dans les premières parutions, on reconnaît le logo qui a été tracé par l’artiste François Trahan à l’aide de grosses lettres carrées qu’il reproduira sur bien des affiches. À ses débuts, le journal est distribué à plus de 3000 exemplaires, il faut dire que Gagnon et Schefferville existent encore à l’époque et que la population de Fermont compte 4000 habitants. La rédaction est alors entièrement assurée par une équipe de bénévoles dynamiques dont la mission première est de donner accès à l’information aux résidents de ces municipalités nordiques isolées.
À la recherche d’un espace
Au début, le journal n’avait pas de lieu de travail défini, les bénévoles utilisaient la salle de conférence ainsi que les machines à écrire du Centre local de santé communautaire de Fermont la nuit et la fin de semaine afin de ne pas nuire aux activités professionnelles le jour. La production nécessitait plusieurs heures d’affilée. Que de nuits blanches ont pu y passer Micheline O’Brien, Céline Beaulieu, Thérèse Léveillée, Marie-Thérèse Lessard, François Trahan, Serge Martin, Marie-Ève Cormier pour ne nommer que ceux-là! Par la suite, un local leur fut prêté par la MRC de Caniapiscau, il était situé dans un des locaux occupés maintenant par le Centre de la petite enfance Le Mur-mûr. Lors de la construction du club de curling en 1987, le semi-mensuel déménage dans ses propres bureaux dans le Centre L. J. Patterson qu’il occupe depuis son ouverture.
Bienvenue à la technologie
Bien installées dans la nouvelle aire de travail, deux employées s’occupent de vendre la publicité, de cueillir les textes, de les retranscrire à la dactylo, de faire le montage et de contacter des bénévoles. Le montage se fait sur de grandes feuilles quadrillées. On dactylographie les textes en colonnes et on les coupe aux ciseaux pour les coller sur les pages. Les publicités sont dessinées à la main et on colle des bordures de toutes sortes pour faire de beaux encadrés. Après la machine à écrire est apparu le photocomposeur, ce nouvel outil permettait d’imprimer les textes un peu comme on le fait pour une photo. C’était en quelque sorte l’ancêtre des développeurs de pellicule photo, on y insérait des produits chimiques et cet appareil imprimait les textes tapés sur un ordinateur. Ce système mettait plus de 30 minutes à imprimer un texte. Enfin arrivèrent l’ordinateur et l’imprimante à bretelles. Quel soulagement, on n’était plus obligé de retaper un texte à cause d’une faute d’orthographe. Mais que de problèmes avec l’ordinateur, les programmes et la fameuse imprimante qui passe son temps à bloquer! Parlez-en à Huguette Bernier qui a passé 14 ans au journal comme secrétaire ou plutôt comme employée à tout faire. Combien de fois a-t-elle dû se rendre au Service des loisirs pour agrandir ou rapetisser des images et faire une grande provision de bouchons, de petites images qui permettaient de ne laisser aucun trou dans les pages.
Enfin Internet à Fermont
Le changement le plus significatif au journal est survenu lorsque Fermont a finalement eu accès à Internet. Auparavant, il fallait graver un disque et l’expédier par avion avec l’épreuve papier à l’imprimeur. Imaginez qu’à cause d’une tempête de neige, la région avait été privée de vols durant trois jours, il avait alors fallu se rendre à l’aéroport de Wabush et trouver une personne qui pour 20 $ déposerait le colis à l’aéroport de Sept-Îles. Il faut aussi dire que des liens étroits existaient avec l’imprimeur de Rive-Nord Média, Mario Thibault. Ce dernier a été complice de l’évolution de notre média au cours de son premier quart de siècle d’existence. Pensons aux photos, nous ne pouvions les insérer dans le journal à l’époque, il fallait les faire parvenir sur papier à l’imprimeur qui s’occupait de les coller aux bons endroits. Imaginez-vous qu’il a mélangé par inadvertance deux photos lors des élections municipales. Ce n’est donc qu’au début des années 2000, que le journal a pu être acheminé par Internet à l’imprimerie. Il est important de souligner que c’est à cette même époque que le Centre local de développement (CLD) de Caniapiscau accorda une importante subvention au bimensuel afin que celui-ci puisse effectuer un virage technologique. Ainsi, le média de presse écrite s’est converti au système d’exploitation de l’ordinateur McIntosh, le Mac étant plus adapté au domaine de l’imprimerie. Il s’agissait d’avoir la même version de logiciel que l’imprimeur pour pouvoir lui acheminer l’édition à faire paraître. Enfin arrivèrent les PDF, une innovation pour la préposée au montage de l’époque, Édith Bouchard, qui fut la première à acheminer le contenu grâce à ce processus quasi révolutionnaire en région éloignée.
Des journalistes appréciés.
En 1992, Claudia Villemaire devient journaliste bénévole assidue et recrute la jeune Mélanie Loisel, âgée de 12 ans qui commence à rédiger des textes dans le périodique et y collaborera jusqu’à son départ pour le cégep. Malgré son jeune âge, celle-ci avait déjà une grande facilité à interviewer des artistes et y aura sûrement trouvé sa vocation, car aujourd’hui elle est journaliste et auteure prolifique. En 1996, la direction considère que l’actualité doit être mieux couverte et embauche le premier journaliste à temps partiel, Donald Chiasson, également professeur de français à la polyvalente Horizon-Blanc. Nadine Tremblay deviendra la première directrice et journaliste à plein temps. Suivront comme journalistes, Nadine Boudreau, Anne Guillemette, Jean-François Bonneau, Martine Coupal, Denis Bélanger, Marylène Bergeron, Éric Cyr, Michaël Bergeron, Luc Archambeault, Véronique Dumais, Guillaume Rosier et un retour pour Éric Cyr en 2016. Plusieurs d’entre eux y sont venus pour y vivre une première expérience de travail en journalisme et goûter à la nordicité, mais les apprentissages et les expériences furent sûrement conservés dans leurs mémoires.
Des bénévoles font la différence
Au début, les articles étaient entièrement écrits par des bénévoles, on comptait entre 25 et 100 signataires selon les années et ceux-ci s’affairaient en plus à bien d’autres tâches qu’exige une publication produite entièrement à la main. Que dire des bénévoles? François Trahan était déjà impliqué lors des premiers soubresauts en 1983. À travers les années, il a prêté son talent au lettrage et à la mise en page, il a signé plusieurs articles sur la culture, des chroniques sur la photographie. Il s’est aussi improvisé bédéiste avec son fameux « Nez en moins ». Photographe émérite, il a fait don de plusieurs photos et a couvert certains événements pour notre média. Ce dernier est toujours actif en 2018 par le biais de sa chronique « Le déclencheur ». Encore présente et toujours bénévole pour Le Trait d’union du Nord, Francine Marcoux a signé sa première chronique en 1998 et nous en a offert plusieurs à travers les années. En 2015, au gala de l’Association des médias écrits communautaires du Québec (AMECQ), celle-ci a remporté un premier prix dans la catégorie chronique pour son article « Un potager à Fermont, oui c’est possible ». Un autre collaborateur de longue date, le dentiste et biologiste Bernard Jolicoeur s’est joint à l’équipe en 2000 et a aussi remporté plusieurs prix à l’AMECQ grâce à ses qualités de vulgarisateur scientifique.
Continuité et avenir
Une équipe de collaborateurs s’implique toujours au sein de notre média écrit, que ce soit au niveau du conseil d’administration, de l’écriture de chroniques, d’articles d’actualités ou de faits divers, de la vente de cartes de membre et aussi à la correction. Au cours des années, les bénévoles ont constitué un atout considérable qui a fait toute la différence entre être ou ne pas être, et qui a permis de s’acquitter avec brio de la mission d’information que s’est donnée le journal.