Transport aérien régional
Un bilan et des ajustements s’imposent
par Éric Cyr
L’Union des municipalités du Québec (UMQ) exige une rencontre rapide du groupe d’intervention sur la relance des services aériens régionaux afin d’analyser l’impact des mesures instaurées par le gouvernement Legault qui ne font pas l’unanimité.
C’est dans le cadre de la rencontre du Comité sur le transport aérien de l’UMQ, le 24 janvier 2023, que les élus municipaux ont profité de l’occasion pour discuter de l’accessibilité, de la disponibilité et de la fiabilité des vols régionaux en présence de l’adjoint gouvernemental de la ministre des Transports et de la Mobilité durable et responsable du volet aérien régional, le député de René-Lévesque, Yves Montigny.
Efficacité et fiabilité variables…
Pour l’UMQ, le moment est venu de dresser le bilan des retombées des mesures gouvernementales mises en place au courant des dernières années en convoquant rapidement une réunion de tous les membres de l’unité d’intervention afin qu’ils se penchent sur ce sujet. Le président de l’UMQ et maire de Gaspé, Daniel Côté, remet en question l’efficacité et la fiabilité de ce modèle : « On le constate partout au Québec, il n’y a plus de garantie de desserte aérienne. Nous faisons face, par exemple, à des horaires variables, à des annulations fréquentes de vols et à des restrictions d’équipages. Nous avons un grand territoire et il est important de connecter nos régions, mais aussi d’assurer le transport médical. Le gouvernement du Québec a été au rendez-vous par le passé. Maintenant, nous devons collectivement faire le bilan et déterminer les prochaines étapes destinées à améliorer l’offre de services aériens en région.
Mieux s’adapter et mieux s’outiller…
La présidente du comité de l’UMQ et mairesse de Chibougamau, Manon Cyr, juge que la formule actuelle de transport aérien régional ne convient pas aux aspirations et aux exigences de la population et qu’il faut tout revoir en examinant différentes possibilités qui pourraient contribuer à améliorer la situation.
« Durant les dernières années, l’UMQ a été particulièrement active dans le dossier du transport aérien. Grâce à nos efforts, nous avons obtenu la création de programmes pour soutenir les infrastructures, stimuler la concurrence et accroître l’accessibilité à ce mode de déplacement. Lors de la pandémie, nous avons aussi travaillé avec plusieurs groupes économiques afin de proposer un nouveau modèle d’affaires visant à éviter les bris de services. De concert avec le gouvernement du Québec, le groupe d’intervention a fait des choix qu’il jugeait les plus appropriés dans le contexte. Aujourd’hui, on constate malheureusement que le transport aérien régional ne répond plus aux attentes et aux besoins de nos populations. Tous les acteurs du domaine doivent se réunir pour identifier ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en tentant de trouver des solutions aux irritants actuels. »
Le groupe d’intervention sur la relance des services aériens régionaux, qui était attendu depuis longtemps, a été implanté par le gouvernement du Québec en juillet 2020 afin de déterminer et d’analyser des pistes de solutions pour les dessertes aériennes régionales. Cette structure, qui rassemble plus d’une vingtaine d’intervenants et de partenaire, a tenu sa dernière rencontre en mars 2022.
Transport aérien régional
Le Parti québécois revient à la charge
Constatant une détérioration dans le domaine des déplacements aériens desservant les régions du Québec, le Parti québécois (PQ) réclame, le 30 janvier 2023, une véritable stratégie en matière de transport aérien régional afin de répondre de façon adéquate et efficace aux aspirations et aux besoins des acteurs des milieux.
Le porte-parole en matière de transports pour le PQ et député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, a remarqué comme de nombreux autres intervenants, la situation désastreuse du transport aérien et les performances décevantes du Programme d’accès aérien aux régions (PAAR). Ce dernier exhorte le gouvernement Legault à agir et l’invite à instaurer une réelle tactique destinée à améliorer les déplacements par avion dans les régions du Québec. Déplorant que la situation du transport aérien en région se soit dégradée au courant des derniers mois, le député péquiste constate que la mise en place du PARR par le gouvernement n’a amélioré ni l’offre ni la demande dans la plupart des aéroports régionaux. « C’était écrit dans le ciel (sic). Il faut maintenant reprendre le travail alors que tout reste à faire pour établir enfin un modèle de dessertes régionales efficace, viable et abordable. »
Selon le PQ, la fiabilité des liaisons est mise à mal et la confiance de la clientèle est au plus bas. Le gouvernement doit donc prendre acte dès maintenant de la performance discutable du programme alors qu’à peine 20 % des billets à rabais ont trouvé preneur. « Je demande à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, de revoir avec les intervenants du secteur les fondements du PARR et je lui tends la main pour travailler ensemble à relancer durablement le transport aérien dans nos régions. D’autres modèles d’intervention existent et d’autres modèles d’affaires doivent être envisagés. Nous avons besoin d’une vraie vision qui colle à notre réalité », souligne le député Joël Arseneau.
À l’instar de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), M. Arseneau demande à la ministre québécoise des Transports de réunir d’urgence le groupe d’intervention sur la relance des services aériens régionaux, dont il fait partie, qui ne s’est pas rencontré depuis mars 2022.
« Il y a des gestes concrets et urgents à poser pour soutenir, consolider ou rétablir certaines liaisons aériennes, mais l’objectif primordial doit être le développement d’une véritable stratégie de transport aérien régional pour le Québec. »
Témoin direct de la défaillance du système actuel, l’élu madelinot rappelle que le PARR ne visait qu’à soutenir la demande alors que le soutien à l’offre doit faire partie des axes clés pour relancer le transport aérien régional. « Force est aujourd’hui de constater qu’il faut voir plus grand et de façon plus approfondie les enjeux du transport aérien et travailler sur l’offre de transport actuellement anémique, souvent perturbée, insuffisante et surtout insatisfaisante en regard des besoins aériens des Québécoises et des Québécois en région. »
Selon le député Arseneau, les divers intervenants du domaine s’entendent sur le fait que les fréquences et les itinéraires des vols sont insatisfaisants et que la fiabilité du service est compromise par une offre de transport déficiente. « L’offre de quelques milliers de billets d’avion à coût réduit n’a pas changé le fait que les régions sont actuellement extrêmement mal desservies dans un marché caractérisé par un manque de concurrence, où les attentes et les besoins régionaux sont ignorés ou déçus. La situation catastrophique que nous vivons a notamment un impact délétère sur les efforts de vitalisation de nos régions, les initiatives d’attraction et de rétention des familles et de la main-d’œuvre ainsi que sur l’accès aux soins de santé. Il faut agir ! »