Mise à jour économique du Québec
Le gouvernement Legault traĂźne la patte
par Ăric Cyr
Selon lâInstitut Ă©conomique de MontrĂ©al (IEDM), le gouvernement du QuĂ©bec ne fait pas assez dâefforts pour renouer avec lâĂ©quilibre budgĂ©taire. En effet, les dĂ©penses ont augmentĂ© de 54,1 milliards de dollars ($) depuis lâĂ©lection du gouvernement Legault. MalgrĂ© tout, le ministĂšre des Finances maintient sa projection dâun dĂ©ficit de 11 milliards de $ pour lâexercice financier 2024-2025. Il sâagit du plus important dĂ©ficit de lâhistoire du QuĂ©bec.
De plus, le gouvernement revoit Ă la hausse les projections du dĂ©ficit pour lâannĂ©e prochaine, le faisant passer de 8,5 Ă 9,2 milliards de $. RĂ©agissant Ă la rĂ©vision de la situation Ă©conomique et financiĂšre du QuĂ©bec prĂ©sentĂ©e le 21 novembre 2024, un chercheur de lâIEDM, Gabriel GiguĂšre, explique que les dĂ©ficits Ă rĂ©pĂ©tition marquent une perte de contrĂŽle sur les finances publiques. « Le QuĂ©bec fait face Ă un dĂ©ficit dâune ampleur sans prĂ©cĂ©dent. » Selon lâanalyste expert du groupe de rĂ©flexion en politiques publiques, le gouvernement du QuĂ©bec doit faire plus dâefforts pour se rapprocher de lâĂ©quilibre budgĂ©taire. Lors du dĂ©pĂŽt du budget, le gouvernement Legault sâĂ©tait pourtant engagĂ© Ă entamer un exercice de rĂ©vision des dĂ©penses gouvernementales Ă compter du printemps 2024. Les rĂ©sultats de cet examen devraient ĂȘtre intĂ©grĂ©s au budget 2025-2026.
DĂ©ficit historique
Les frais dâintĂ©rĂȘts sur la dette du QuĂ©bec coĂ»teront 9,9 milliards de $ aux contribuables cette annĂ©e. Le gouvernement quĂ©bĂ©cois sâattend Ă ce que la dette du QuĂ©bec atteigne 236,6 milliards de $ au 31 mars prochain. Le chercheur note que les dĂ©penses se sont accrues de 51 pour cent (%) depuis lâentrĂ©e en fonction du gouvernement Legault, passant de 106,5 milliards de $ en 2019 Ă 160,6 milliards de $ cette annĂ©e. Cela reprĂ©sente une augmentation de trois milliards de $ par rapport aux prĂ©visions de mars dernier.
« PlutĂŽt que de chercher des solutions crĂ©atives aux enjeux du QuĂ©bec, ce gouvernement se contente de dĂ©penser davantage Ă gauche et Ă droite. Le fait est que, depuis quâil est au pouvoir, les dĂ©penses ont augmentĂ© de moitiĂ© environ. Ce nâest pas soutenable ! »
Le chercheur rappelle que le premier ministre François Legault avait fait campagne sur lâabolition de 5 000 postes de fonctionnaires en 2018. Aujourdâhui, le QuĂ©bec en compte 9 838 de plus quâĂ son arrivĂ©e au pouvoir. Dans lâensemble, il y a 72 806 employĂ©s de lâĂtat quĂ©bĂ©cois de plus quâen 2018-2019.
Les plus rĂ©centes estimations montrent que lâaugmentation de lâimpĂŽt sur le gain en capital rapportera 2,8 milliards de $ sur cinq ans, dont un milliard de $ cette annĂ©e. « Le gouvernement nâa pas un problĂšme de revenus, mais bien un problĂšme de dĂ©penses et lâaugmentation de lâimpĂŽt sur le gain en capital le confirme », indique M. GiguĂšre qui considĂšre que cette mesure nuit Ă la croissance du QuĂ©bec ainsi quâaux Ă©pargnants et revient Ă sacrifier notre prospĂ©ritĂ© future pour une rentrĂ©e dâargent annuelle. « Si ce nâĂ©tait pas de la dĂ©cision du ministre des Finances, Eric Girard, le QuĂ©bec aurait bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun environnement fiscal plus intĂ©ressant que le reste du pays. » AprĂšs avoir laissĂ© planer le doute, le ministre avait pourtant annoncĂ© quâil copierait le fĂ©dĂ©ral et augmenterait le taux dâinclusion des gains en capital Ă 66,6 % au mois dâavril dernier. LâIEDM explique quâune telle augmentation dâimpĂŽt a pour effet de rĂ©duire la disponibilitĂ© du capital de risque en abaissant les rendements prĂ©vus et pourrait mener au report des ventes potentielles par les investisseurs en capital de risque.