Soins de santé
Des professionnels dĂ©noncent lâapproche du gouvernement
par Ăric Cyr
Des professionnels de la santé incluant des spécialistes, des omnipraticiens (médecins de famille), des pharmaciens et des présidents de conseils professionnels qui pratiquent sur le territoire de la CÎte-Nord ont dénoncé, le 13 mai 2024, les nouvelles rÚgles instaurées par le gouvernement Legault qui ne répondent pas aux besoins selon eux.
Un porte-parole des 22 signataires de la lettre ouverte Ă ce sujet (publiĂ©e dans lâĂ©dition du journal du 28 mai), le prĂ©sident du Conseil des mĂ©decins, dentistes et pharmaciens (CMDP), qui parle aussi au nom des 215 membres de cette organisation qui dĂ©plorent la problĂ©matique actuelle, le docteur Youssef Ezahr, a fait le point quelques semaines plus tard, le 21 mai.
« Je souhaite attirer votre attention sur la situation sur la CĂŽte-Nord, qui prĂ©sente une discordance alarmante entre les rapports gouvernementaux et la rĂ©alitĂ© sur le terrain. Depuis notre lettre du 13 mai, nous avons rĂ©ussi Ă stopper le transfert de nos patients dĂ©jĂ hospitalisĂ©s. Ces patients sont vulnĂ©rables, atteints de pathologies comme la dĂ©mence, mais ne nĂ©cessitant pas de soins actifs. Ce qui nâa pas Ă©tĂ© dit, câest que pour garder ces patients nous devons ajuster notre offre de soins Ă lâurgence », explique le chef du dĂ©partement dâanesthĂ©sie-rĂ©animation au Centre intĂ©grĂ© de santĂ© et de services sociaux (CISSS) de la CĂŽte-Nord qui prĂ©cise quâune dizaine de patients nĂ©cessitant des soins actifs ont dĂ» ĂȘtre transfĂ©rĂ©s en lâespace de 24 heures seulement incluant un enfant de sept semaines souffrant dâune infection virale qui aurait pu ĂȘtre traitĂ© sur place. « En raison de la fermeture de la pĂ©diatrie, et malgrĂ© les supplications de sa mĂšre souhaitant rester prĂšs de ses proches, nous avons dĂ» le transfĂ©rer dans une autre rĂ©gion selon les disponibilitĂ©s des lits des hĂŽpitaux du QuĂ©bec. Cette situation exerce une pression Ă©norme sur les soignants, contraints de sĂ©lectionner les patients Ă transfĂ©rer, alors que la majoritĂ© pourrait ĂȘtre soignĂ©e Ă Baie-Comeau. Ă Sept-Ăles, nous observons des situations aberrantes comme 36 patients hospitalisĂ©s avec seulement deux prĂ©posĂ©s, ce qui compromet gravement la qualitĂ© des soins, en particulier pour ceux avec une autonomie rĂ©duite », poursuit le mĂ©decin.
Ăquipe volante
En ce qui concerne lâĂ©quipe volante promise par le ministre de la SantĂ© et des Services sociaux, Christian DubĂ©, le docteur Ezahr confie : « Nous nâavons reçu aucune nouvelle, exceptĂ© ce qui est publiĂ© sur Twitter. Malheureusement, aucune agence nâa Ă©tĂ© mobilisĂ©e pour nous aider rapidement, laissant notre personnel soignant Ă bout de souffle, enchaĂźnant les temps supplĂ©mentaires obligatoires (TSO) depuis le 19 mai. Nous les soutenons du mieux que nous pouvons, mais ce rythme de travail prĂ©sente un risque pour la population. Les patients de la CĂŽte-Nord se retrouvent face Ă une offre de soins inĂ©quitable comparĂ©e aux grands centres urbains. Enfin, nous nâavons eu aucune discussion avec lâĂ©quipe du cabinet du ministre, ni celle Ă MontrĂ©al, ni celle envoyĂ©e sur la CĂŽte-Nord. Nos dĂ©putĂ©s restent silencieux, se rĂ©fugiant derriĂšre les communications ministĂ©rielles. Nous sommes déçus que notre lettre ait Ă©tĂ© politisĂ©e, que notre appel Ă lâaide soit devenu un enjeu opposant le ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux (MSSS) et les agences de placement. Les solutions proposĂ©es ne sont que des pansements temporaires. De vraies solutions incluraient des exceptions pour les rĂ©gions Ă©loignĂ©es, permettant dâamĂ©liorer les conditions salariales afin de recruter le personnel nĂ©cessaire et dâĂ©viter cette crise sanitaire. La population mĂ©rite mieux. »