Randonneurs et motoneigistes
Tensions dans les sentiers pédestres
par Éric Cyr
La tension monte d’un cran entre les environnementalistes et les motoneigistes alors que les sentiers pédestres des monts Groulx-Uapishka, réservés à l’usage exclusif des adeptes de ski de fond, de raquettes et de randonnée sont pris d’assaut par des motoneigistes récalcitrants qui menacent la stabilité écologique de ce joyau naturel et narguent les amis des monts Groulx qui ont créé ces pistes et qui en assurent la gestion.
Nonchalance, insouciance et zizanie
Les sentiers de randonneurs qui ont récemment célébré leur 30e anniversaire sont devenus la nouvelle porte d’entrée des motoneigistes, qui font fi des lois, pour accéder illégalement à la toundra alpine de la réserve de biodiversité Uapishka avec l’assentiment tacite des autorités qui ferment les yeux sur le phénomène récurrent. Le ministère québécois du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) censé appliquer le règlement interdisant la présence de véhicules motorisés dans ces espaces protégés semble incapable de prendre ses responsabilités et joue à l’autruche en balayant le problème sous « la neige ». Il faut dire que les agents de la faune sont localisés beaucoup plus au sud et ne se déplacent que très rarement le long de la route nationale 389 qui mène aux monts Groulx-Uapishka et tout comme c’est le cas dans la MRC de Caniapiscau ne patrouillent le territoire qu’« à l’occasion et quand le besoin se fait sentir. »
Après la sensibilisation, la riposte
Selon le membre fondateur et président de l’Association des Amis des monts Groulx, Michel Denis, c’est le manque de vision du MDDELCC par rapport au développement de l’ensemble du massif des monts Groulx-Uapishka et le manque de respect des motoneigistes qui a directement généré ces conflits et qui contribue à alimenter l’envahissement anarchique de ce territoire par les motoneiges malgré leurs impacts négatifs reconnus sur la nature. Le guide des montagnes précise que les sentiers en question sont enregistrés au nom de l’association qui ne s’oppose pas aux motoneigistes, mais prône plutôt depuis le début que les motoneigistes récréatifs devraient disposer de leurs propres sentiers pour accéder au vaste territoire hors réserve.
« Le territoire où l’on peut pratiquer la motoneige est extrêmement vaste et pourtant l’an passé, selon nos estimations, environ 1500 motoneigistes ont parcouru la zone interdite dans la réserve de la biodiversité et on en attend malheureusement davantage cette année. »
Ce phénomène intrusif sans cesse croissant a motivé une riposte légale et l’association envisage de prendre le taureau par les cornes dans un souci de protection de l’environnement et de conservation de la faune et de la flore afin de sévir face à cet envahissement perpétuel qui menace l’équilibre écologique fragile de cette aire protégée.
« Nous avons déjà résisté avec succès aux papetières et aux minières alors nous avons l’expérience du combat et nous allons le mener jusqu’au bout avec l’appui de plusieurs établissements d’enseignement supérieur et des associations environnementales. »
Une nouvelle entreprise fermontoise fondée par Denis Moreau a conçu un sentier alternatif à l’intention des motoneigistes qui donnerait accès au secteur est des montagnes à l’extérieur de la réserve de la biodiversité et qui devait être réalisé l’automne dernier. De multiples embûches administratives ont retardé sa concrétisation pour l’instant et les Amis des monts Groulx se sentent concernés et se disent inquiets pour l’avenir de ce projet innovateur.