Côte-Nord
La forteresse péquiste cède ou prépare une riposte ?
par Éric Cyr
Véritable bastion historique, le château fort du Parti québécois (PQ) dans la circonscription de Duplessis, qui n’avait jamais changé d’allégeance depuis près d’un demi-siècle et qui résistait à toutes les attaques depuis l’accession au pouvoir de cette formation politique sous l’égide du premier ministre René Lévesque en 1976, a finalement été assiégé sous l’assaut des vagues de la Coalition avenir Québec (CAQ). La citadelle voisine de René-Lévesque, qui repoussait toute tentative d’invasion depuis près de deux décennies, a aussi été ébranlée et a dû se résigner à hisser le drapeau blanc.
L’ouvrage fortifié n’a pas totalement été éventré et cette brèche pourrait éventuellement être fermée si les assaillants ne livrent pas la marchandise. Le vaisseau amiral péquiste a subi un abordage, mais n’a toujours pas sombré et les nouveaux maîtres à bord auraient tout intérêt à satisfaire les membres de l’équipage par une meilleure répartition de l’arrimage de la flotte afin d’éviter une mutinerie s’ils souhaitent demeurer aux commandes et tenir la barre du navire nord-côtier en démontrant leur réelle volonté de désenclaver la région, car une mutinerie pourrait se produire à bord avant d’arriver à bon port.
Chevaliers caquistes
Afin d’éviter un sabordage ou la piraterie de leur vecteur politique, les deux nouveaux députés de la CAQ, Kateri Champagne Jourdain dans Duplessis et Yves Montigny dans René-Lévesque, vont devoir faire leurs preuves en démontrant qu’ils sont à l’écoute du principal enjeu nord-côtier qui englobe plusieurs volets : la construction d’un pont à l’embouchure de la rivière Saguenay à Tadoussac, le parachèvement de la route 138 jusqu’à Blanc-Sablon en Basse-Côte-Nord et la réfection de la route nationale 389 en plus de s’assurer de la pérennité d’une desserte aérienne abordable.
Le chant des sirènes ?
Plusieurs électeurs nord-côtiers ont choisi de changer leur fusil d’épaule en faisant confiance à la CAQ qui était presque assurée de reprendre le pouvoir au Québec, scénario qui s’est produit. Cependant, les ambassadeurs caquistes auront du pain sur la planche et devront réussir à combler les attentes des citoyens nord-côtiers s’ils ne souhaitent pas être catapultés vers les oubliettes lors de la prochaine élection puisque ce vote stratégique pourrait n’être qu’une infidélité passagère si une réelle volonté politique de répondre à leurs aspirations légitimes n’est pas clairement démontrée dans un avenir rapproché. Ceux-ci pourraient s’impatienter s’ils ne constatent aucune progression de leurs revendications.
La Côte-Nord a joint le siège de commandement de la CAQ, mais les dirigeants caquistes ne doivent jamais oublier où se trouve leur lieu d’approvisionnement et de ravitaillement en région s’ils souhaitent alimenter leur haut lieu, le quartier général de Québec. Fort à parier que les Nord-Côtiers n’auront pas à tirer à la courte paille et pourraient éventuellement choisir de couper les vivres lors du prochain scrutin si la CAQ fait la sourde oreille et étire trop la sauce…
Un autre « comté », celui de Hull, situé en Outaouais à l’autre extrémité du Québec et qui, tout comme Duplessis, était aussi immuable depuis 46 ans, a également chaviré pour la CAQ, illustrant l’ampleur du raz-de-marée bleu poudre.