Piquetage de nuit chez ArcelorMittal
Le respect du droit de grève bafoué
par Éric Cyr
Le Syndicat des Métallos demande à la Santé publique et à la Sécurité publique du Québec de faire preuve de souplesse afin qu’un minimum de piqueteurs puisse surveiller les entrées des installations d’ArcelorMittal à Fermont et à Port-Cartier pendant la nuit. Selon les Métallos il en va du respect de droits fondamentaux prévus aux chartes canadiennes et québécoises tels le droit d’association, le droit de négocier et, par conséquent, le droit de grève et le respect de la loi anti-briseurs de grève prévue au Code du travail.
Au cours de la nuit du 12 au 13 mai 2021, neuf contraventions totalisant près de 14 000 $ ont été distribuées à des grévistes à Fermont et cinq autres à Port-Cartier sous prétexte qu’ils enfreignent le couvre-feu, mais pas aux nombreux agents de sécurité engagés par l’entreprise minière pour les surveiller. Ces derniers étaient pourtant munis d’une lettre d’autorisation des présidents de leur section syndicale locale respective.
Deux poids, deux mesures
« Il est ironique de constater que nos membres pouvaient entrer travailler de nuit sans problème lorsque l’enjeu était d’engranger des profits pour la multinationale, mais qu’ils se font imposer des amendes lorsqu’ils exercent leur droit de grève pourtant tout à fait légal. Les piqueteurs sont là pour faire respecter la loi anti-briseurs de grève. Empêcher le piquetage des grévistes c’est entraver le droit des travailleurs », fait valoir le directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux. Le Syndicat redoute que cette interprétation intransigeante du couvre-feu empêche les employés d’ArcelorMittal d’exercer leur droit de grève et d’interdire l’accès nocturne aux installations de la compagnie aux briseurs de grève. Il a aussi relevé l’incohérence de la situation problématique qui relève selon lui des activités de grève plutôt que la simple présence de travailleurs sur les lieux après le couvre-feu. En effet, selon le Syndicat, avant le déclenchement de la grève, personne ne semblait préoccupé par les quarts de nuit chez ArcelorMittal.
Le Syndicat des Métallos est ouvert à diminuer le nombre de piqueteurs à l’extérieur devant les installations d’ArcelorMittal pendant la période de couvre-feu afin de se conformer aux règles sanitaires. Les Métallos précisent que le piquetage permet de constater les entrées et sorties des installations d’ArcelorMittal afin de s’assurer que seul le personnel autorisé notamment les cadres, y ont accès.
« S’il y a des piqueteurs, c’est pour veiller à faire respecter la loi anti-briseurs de grève. Normalement dans un conflit, on note toutes les entrées et les sorties. Si une plainte est formulée pour recours à des briseurs de grève, conformément au Code du travail, ces informations servent à documenter les recours légaux. Empêcher tout piquetage des grévistes, c’est entraver le droit de grève et leur capacité à faire respecter la loi anti-briseurs de grève », ajoute Dominic Lemieux.
Le Syndicat des Métallos qui représente 2500 travailleurs et travailleuses de la compagnie ArcelorMittal Mine Canada à Port-Cartier, Fermont et Fire Lake a l’intention de contester les contraventions devant les tribunaux.