Une brochette d’invités de marque était rassemblée à la mine du lac Bloom à proximité de Fermont, le 15 novembre dernier, dans le cadre d’une conférence de presse où l’on a fait l’annonce officielle de la reprise des activités minières par Minerai de fer Québec (MFQ), une filiale de la compagnie Champion, prévue en mars 2018. Des dignitaires se sont relayés devant des représentants des médias pour prononcer des discours à l’occasion de la nouvelle de ce redémarrage tant attendu.
Le président directeur du conseil et chef de la direction de Champion, Michael O’Keefe a eu l’honneur de s’adresser en premier à la foule composée de personnalités influentes, mais aussi de nombreux employés de l’entreprise. Le ministre québécois de l’Énergie et des Ressources naturelles, récemment nommé ministre responsable du Plan Nord, Pierre Moreau, qui a succédé à Pierre Arcand lors d’un récent remaniement ministériel, y est par la suite allé d’une allocution. La députée de Duplessis, Lorraine Richard, du Parti québécois était aussi sur place pour l’occasion tout comme le président-directeur général de la Société du Plan Nord, Robert Sauvé, le préfet de la MRC de Caniapiscau et maire de Fermont, Martin St-Laurent, le préfet de la MRC de Sept-Rivières et maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, le chef de la communauté innue de Uashat mak Mani-Utenam, Mike McKenzie, le coordonnateur régional des Métallos, Nicolas Lapierre, le chef de l’exploitation de MFQ, David Cataford ainsi que le directeur général de la compagnie, Patrick Champagne.
Évolution des investissements de Québec
Le gouvernement du Québec a annoncé pour l’occasion un investissement additionnel totalisant 26,2 M $ pour soutenir la poursuite de la relance des activités de cette mine par la société Minerai de fer Québec dont le redémarrage engendrera la création de 450 emplois de qualité et générera d’importantes retombées économiques dans la région de la Côte-Nord. Le soutien financier gouvernemental comprend une prise de participation, issue du fonds Capital Mines Hydrocarbures, de 26,2 M $ dans le capital-actions de MFQ. Ceci s’ajoute aux 25,2 M $ investis par ce même fonds au cours des dernières années, incluant une contribution financière de 6 M $ accordée par Ressources Québec à même ses fonds propres, pour un total de 51,4 M $. En 2016, le fonds Capital Mines Hydrocarbures a investi 14 M $ dans l’entreprise MFQ et 6 M $ dans Champion afin de soutenir l’acquisition des actifs de la mine du lac Bloom. En échange de cet investissement, Ressources Québec a acquis 36,8 % des actions de MFQ et environ 10 % des actions de Champion. En mai dernier, le gouvernement du Québec a confirmé un investissement totalisant 11,2 M $, dont 5,2 M $
proviennent du fonds Capital Mines Hydrocarbures, pour soutenir les travaux préparatoires à la relance des activités de la mine, et 6 M $ sont accordés par Ressources Québec, une filiale d’IQ. Institué au sein du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation et géré par Ressources Québec, à titre de mandataire, le fonds Capital Mines Hydrocarbures est doté d’une enveloppe de un milliard de dollars et permet au gouvernement du Québec, la prise de participation notamment dans des entreprises du secteur des mines qui exploitent et transforment des substances minérales du domaine de l’État. Ce fonds vise notamment à soutenir la relance du Plan Nord, en constituant une source de financement additionnel pour la réalisation de projets d’investissements privés.
Joyau du Plan Nord
Le nouveau bonze du Plan Nord, M. Moreau, explique : « Le gouvernement du Québec soutient activement la relance de la mine du lac Bloom, un site qui revêt une importance stratégique pour l’économie du Québec et particulièrement pour celle de la communauté de Fermont. Ce projet fait partie des initiatives qui contribueront de façon significative à la réussite du Plan Nord. Il favorisera la mise en valeur de nos ressources naturelles de manière responsable, tout en mettant à profit notre main-d’œuvre qualifiée. » Selon le ministre responsable de la région Côte-Nord et ancien responsable du Plan Nord, Pierre Arcand : « L’infrastructure stratégique du site de Pointe-Noire, à Sept-Îles, jouera un rôle clé…Il s’agit d’une excellente nouvelle pour la Côte-Nord, qui tirera profit des retombées économiques associées au transport de concentré de fer. » Selon le président-directeur général d’Investissement Québec (IQ), Pierre Gabriel Côté : « Le Québec prouve, une fois de plus, qu’il est un chef de file mondial du développement minier durable en favorisant le développement économique de ses régions à fort potentiel. Par cet investissement, nous envoyons un signal fort pour stimuler l’attrait d’investissements chez nous en vue de créer de la richesse et des emplois de qualité. »
Fin prêt à croiser le fer
Après l’acquisition de la mine du lac Bloom pour 10,5 M $ et des obligations environnementales estimées à 41,7 M $ en avril 2016, MFQ est prêt 19 mois plus tard à se positionner comme un incontournable sur l’échiquier du Plan Nord et à lancer tel que promis dans une exploitation à long terme (7 M de tonnes de concentré annuellement anticipé dès 2018 pour une durée estimée de 21 ans) grâce à l’optimisation du circuit de séparation qui permet une amélioration considérable du taux de récupération du minerai (teneur en fer de plus de 66 %, ce qui permettra de toucher une prime sur la qualité lors de la vente) et à une usine des plus performantes. Champion, par le biais de sa filiale MFQ, qui a sollicité l’État québécois comme principal partenaire, a réussi son pari en réunissant le financement nécessaire, un tour de force financier de 327 M $, en moins d’une année, véritable prouesse pour ce projet d’envergure qui ouvre une nouvelle ère de prospérité sur la Côte-Nord.
En route vers le marché mondial
En plus de la remise à niveau et du perfectionnement des installations, plusieurs étapes ont aussi été franchies depuis la publication des résultats de l’étude de faisabilité en février dernier. MFQ a procédé à la confirmation d’une prise de participation à l’intérieur de la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire et à une entente avec cette dernière pour le transport annuel de 8 M de tonnes de minerai de fer, à l’acquisition de 735 wagons spécialisés dans l’acheminement du minerai, à une entente de transport avec la Société Chemin de fer Quebec North Shore and Labrador (QNS&L), à l’annonce d’un financement par emprunt de 180 M $ US de Sprott Resource Lending et la Caisse de dépôt et placement du Québec, à l’annonce de la vente d’une débenture à Glencore International AG, à la confirmation du capital-actions de Ressources Québec dans le projet, à la diminution des impacts environnementaux (mise en place d’une chaudière vapeur à électrode beaucoup moins énergivore, introduction d’un convoyeur aérien destiné au transport du minerai et amélioration de la gestion des résidus miniers qui réduiront l’utilisation de camions) la signature d’une entente de principe avec le syndicat des Métallos pour un contrat de travail d’une durée de trois ans et d’une entente pour l’achat de la totalité de la future production annuelle (avec la nippone Sojitz 3 M de tonnes [40 %] et le mastodonte Glencore qui s’est engagé à acheter le reste) garantissant ainsi l’établissement d’une clientèle.
Emplois et vision d’avenir
MFQ qui emploie actuellement plus de 250 personnes accélère dorénavant le processus d’embauche et souhaite atteindre l’objectif de plus de 450 travailleurs grâce à un recrutement intensif d’ici le lancement des opérations. En outre, le redémarrage aura nécessité des investissements de 160 M $ où le gouvernement du Québec est partenaire à 36,8 %.
Selon M. O’Keefe : « Le projet aura requis un engagement sans précédent de plusieurs partenaires sans qui, rien de tout cela ne serait possible : administrateurs, investisseurs, gouvernement [du Québec], partenaires, fournisseurs, syndicat, employés. Je veux remercier sincèrement chacune de ses personnes. Aujourd’hui, les yeux du monde sont tournés vers un fer d’une qualité exceptionnelle, l’un des meilleurs sur la planète, et c’est ici qu’il se trouve… Les défis étaient immenses, le travail colossal. D’un autre côté, notre ambition et notre détermination ont toujours été les mêmes : redémarrer cette mine à fort potentiel dans le respect des communautés, le développement de la région et l’intérêt économique du Québec. Nous entrevoyons l’étape de l’exploitation avec un immense enthousiasme, encore plus heureux de participer à cette fierté retrouvée dans une communauté que nous aimons profondément. »