Schefferville
Triste quarantième anniversaire
par Éric Cyr
Il y a quatre décennies, le 2 novembre 1982, la compagnie minière IOC annonçait l’abandon de ses activités minières à Schefferville condamnant ainsi la majorité des habitants de cette petite localité nordique, qui comptait 5000 habitants à son apogée, à un exode vers le sud mettant ainsi fin abruptement à leurs habitudes et à leur mode de vie.
Cette décision du principal employeur de l’endroit, qui a érigé ses premières installations sur place en 1947 et qui a commencé son exploitation en 1949, de délaisser sa mine de fer coïncide avec la quasi-fermeture de la petite ville mono-industrielle, qui a déjà constitué lors de sa période de prospérité économique l’un des trois fleurons de l’industrie du fer au Québec de concert avec Gagnon et Fermont, deux autres villes minières de la MRC de Caniapiscau.
Après la surprise, c’est la consternation pour les résidents de l’endroit. La vaste majorité des Blancs, soit environ 4000 personnes à l’époque, devra se résigner à plier bagage et à partir ailleurs pour refaire sa vie. Ce déracinement forcé laissera des traces et inspirera même une chanson au musicien québécois Michel Rivard, Le dernier train. Bien que certains choisissent de rester, dont les Autochtones des deux communautés adjacentes de Matimekush-Lac John (Innus) et de Kawawachikamach (Naskapis), la minière IOC détruit tout de même la plupart des infrastructures municipales : hôpital, maisons, piscine, sans considération pour ceux qui demeureront sur place. Le gouvernement du Québec adopte une loi afin de fermer la ville, mais se ravise et modifie sa position en 1990 en se heurtant à la volonté des membres des Premières nations et de quelques blancs de demeurer sur le territoire. Sans cette détermination et cette présence physique, Schefferville aurait été rasée de la carte comme ce fut le cas trois ans plus tard, en 1985, pour Gagnon.
La crise du fer en 1981
Selon le président de la minière IOC à l’époque, Brian Mulroney, devenu plus tard premier ministre du Canada, le minerai de fer que l’on extrait du sol à Schefferville n’est plus compétitif et dans un tel contexte la mine n’est plus viable. Le coût de production, combiné à celui de la main-d’œuvre, ne peut rivaliser avec la concurrence mondiale féroce de pays comme le Brésil et c’est ce qui justifie cette décision de cesser les opérations minières scheffervilloises, ce qui entraînera du même coup la fermeture du concentrateur et de l’usine de bouletage de Sept-Îles.
L’histoire se répète ?
Schefferville a connu un second souffle en 2010 avec une deuxième ruée vers le fer lors de l’arrivée de Labrador Iron Mines puis de Tata Steel en 2012. L’industrie minière n’emploie cependant que peu d’employés locaux favorisant plutôt le navettage aérien (fly-in/fly-out) et les travailleurs vivent à l’extérieur du périmètre urbain. Ce regain semble avoir été de courte durée puisque Tata Steel vient d’annoncer en novembre la cessation de ses activités pour une période indéterminée.
Actuellement, environ 2000 Autochtones et 250 Allochtones vivent à Schefferville.