Rio Tinto IOC
Vers la fin dâun litige qui sâĂ©ternise ?
par Ăric Cyr
Le dialogue a Ă©tĂ© rĂ©amorcĂ©, Ă la mi-janvier, entre la miniĂšre IOC, une filiale de la multinationale Rio Tinto, et les chefs autochtones des communautĂ©s innues de Matimekush-Lac John (Schefferville) et de Uashat mak Mani-utenam (Sept-Ăles). Les deux partis ont entamĂ© des pourparlers au sujet du conflit qui les oppose concernant lâexploitation par la miniĂšre, depuis le dĂ©but des annĂ©es 1950, du Nitassinan, territoire ancestral innu qui nâa jamais Ă©tĂ© cĂ©dĂ©.
Lâobjectif du rapprochement est dâĂ©ventuellement conclure une entente afin de rĂ©gler le diffĂ©rend qui perdure depuis dix ans (2010). Des tentatives de signer un accord ont Ă©tĂ© dĂ©marrĂ©es, mais sans rĂ©sultat concluant Ă ce jour. Une poursuite conjointe de 900 millions de dollars a Ă©tĂ© intentĂ©e contre la multinationale par les deux communautĂ©s innues en 2013 allĂ©guant que la compagnie IOC a illĂ©galement occupĂ© leur territoire pendant prĂšs de trois dĂ©cennies (28 ans) et que les vastes installations de la compagnie incluant sa filiale de transport, le chemin de fer du littoral nord de QuĂ©bec et du Labrador (QNS&L), ont violĂ© leurs droits ancestraux les dĂ©possĂ©dant de leur territoire traditionnel. Cette procĂ©dure dĂ©posĂ©e il y a sept ans est aujourdâhui devant la Cour suprĂȘme du Canada.
Effort de réconciliation
Ce dĂ©placement, une visite de courtoisie, est un peu la continuitĂ© dâune rencontre survenue entre les hauts dirigeants de lâentreprise et les reprĂ©sentants innus en 2019. Une dĂ©lĂ©gation, incluant le directeur gĂ©nĂ©ral de la miniĂšre IOC Ă Sept-Ăles, Benoit MĂ©thot, et le chef des opĂ©rations, Chantal Lavoie, sâest rendue Ă Schefferville en compagnie dâavocats afin dây rencontrer le conseil des Innus de lâendroit. Cette main tendue prĂšs de 40 ans aprĂšs la fin des activitĂ©s dâIOC Ă Schefferville est perçue par les premiĂšres nations innues concernĂ©es comme une rĂ©elle volontĂ© de nĂ©gocier de bonne foi afin de les compenser pour les erreurs commises et a Ă©tĂ© saisie par les chefs innus qui ont bon espoir de parvenir Ă lâatteinte dâun rĂšglement Ă lâamiable. Le chef de Matimekush-Lac John, RĂ©al Mckenzie, considĂšre que câest un dĂ©but de discussion encourageant et a profitĂ© de lâoccasion pour faire visiter sa collectivitĂ© aux personnes mandatĂ©es par Rio Tinto IOC en prenant soin de leur indiquer les cicatrices laissĂ©es par les activitĂ©s de la miniĂšre qui ont dĂ©naturĂ© son apparence. Rio Tinto a pour sa part qualifiĂ© ces rencontres dâexcellentes en indiquant vouloir maintenir les conversations. Une entente survenue en novembre dernier entre Rio Tinto Fer et Titane (Havre-Saint-Pierre) et la communautĂ© innue Ekuanitshit (Mingan) semble de bon augure et dĂ©note une certaine dĂ©termination du groupe minier Ă rĂ©gler les bĂ©vues du passĂ©.
Cheminement historique
La Compagnie miniĂšre IOC est constituĂ©e en 1949 aprĂšs quatre ans dâexploration et de mise en valeur. En 1954, le chemin de fer QNS&L transporte le premier convoi de minerai de fer en provenance de Schefferville jusquâau terminal portuaire de Sept-Ăles. En 1958, IOC lance le projet Carol incluant la construction dâune mine et dâun concentrateur Ă Labrador City. En 1960, un embranchement de la voie ferrĂ©e principale de QNS&L relie les nouvelles opĂ©rations du Labrador qui sont complĂ©tĂ©es en 1962 permettant le dĂ©but de lâexploitation miniĂšre Ă Labrador City. En 1982, IOC annonce la fin de ses activitĂ©s Ă Schefferville.