MalgrĂ© la crise actuelle liĂ©e Ă la pĂ©nurie de main-dâĆuvre et aux mesures transitoires menant Ă la fin du recours aux agences privĂ©es, dâici octobre 2026, et au bras de fer entre celles-ci et le gouvernement du QuĂ©bec qui en dĂ©coule et qui entraĂźne une offre de services rĂ©duite pour les Nord-CĂŽtiers, le Centre intĂ©grĂ© de santĂ© et de services sociaux (CISSS) de la CĂŽte-Nord a confirmĂ©, le 17 mai 2024, que les services sont maintenus Ă Fermont et Ă Schefferville.
Selon le conseiller en communications au CISSS de la CĂŽte-Nord, Jean-Christophe Beaulieu, la fermeture dâune salle dâopĂ©ration Ă Sept-Ăles et dâune autre Ă Baie-Comeau pourrait cependant engendrer des ralentissements, mais aucun transfert de patients nâest envisagĂ© actuellement.
« Certains transferts nĂ©cessitant une hospitalisation pourraient ĂȘtre dirigĂ©s vers des Ă©tablissements de santĂ© en dehors de la rĂ©gion advenant lâincapacitĂ© des hĂŽpitaux de Baie-Comeau et de Sept-Ăles dâaccueillir ces usagers. »
Le CISSS mentionne que certaines rĂ©ductions de services prĂ©vues ont pu ĂȘtre annulĂ©es grĂące aux efforts consentis par ses Ă©quipes ainsi que par ses partenaires, dont le ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux et dâautres Ă©tablissements du rĂ©seau.
Le CISSS prĂ©cise quâil nây aura pas de fermeture de 40 lits dâhospitalisation (20 Ă Baie-Comeau et 20 Ă Sept-Ăles). Toutefois, les unitĂ©s de dĂ©bordement des deux hĂŽpitaux demeurent fermĂ©es (8 lits Ă Sept-Ăles et 13 lits Ă Baie-Comeau). Les urgences de Baie-Comeau et de Sept-Ăles ont suffisamment de personnel pour fonctionner, mais la capacitĂ© dâoccupation des civiĂšres demeure trĂšs limitĂ©e en cas de dĂ©bordement. Dans le contexte actuel, des dĂ©marches ont Ă©tĂ© faites afin de bonifier les services ambulanciers sur le territoire. Des travaux sont aussi en cours afin de bonifier le service dâĂ©vacuation mĂ©dicale de la Basse-CĂŽte-Nord.
Le CISSS de la CĂŽte-Nord explique que la situation demeure prĂ©caire partout sur le territoire et que des Ă©quipes sont mobilisĂ©es afin de rĂ©tablir les divers services dans les plus brefs dĂ©lais. Les transferts mĂ©dicaux vers les hĂŽpitaux receveurs habituels (Baie-Comeau et Sept-Ăles) pourraient ĂȘtre perturbĂ©s si leur capacitĂ© dâaccueil est limitĂ©e. Dans les centres hospitaliers de soins de longue durĂ©e (CHSLD) et en soutien Ă domicile, il y a toujours des besoins de personnel, mais les services requis sont offerts et des suivis sont faits pour assurer des soins sĂ©curitaires.
La crĂ©ation dâune Ă©quipe volante composĂ©e dâinfirmiĂšres et de prĂ©posĂ©s aux bĂ©nĂ©ficiaires qui pourra ĂȘtre dĂ©ployĂ©e dans les rĂ©gions oĂč la situation est critique, notamment sur la CĂŽte-Nord, a Ă©tĂ© annoncĂ©e par QuĂ©bec en collaboration avec la ConfĂ©dĂ©ration des syndicats nationaux (CSN) et la FĂ©dĂ©ration des travailleurs et travailleuses du QuĂ©bec (FTQ).
Pour plus de détails au sujet des réductions de services, vous pouvez visiter la page à ce sujet sur le site Web du CISSS de la CÎte-Nord qui est mise à jour réguliÚrement.
Lettre ouverte
par 22 signataires
Soins de santé
Le 13 mai 2024
Objet : Plan de contingence du CISSS de la CĂŽte-Nord
Madame, monsieur,
Nous sommes les mĂ©decins-omnipraticiens, spĂ©cialistes, pharmaciens et prĂ©sidents de conseils professionnels qui pratiquent sur le territoire de la CĂŽte-Nord. Nous sommes aujourdâhui tĂ©moins dâune crise sans prĂ©cĂ©dent dans notre systĂšme de santĂ© rĂ©gional. Cette fois-ci, il sâagit bel et bien dâune crise prĂ©cipitĂ©e par notre gouvernement.
Depuis des annĂ©es, nous vivons un effritement de nos effectifs au CISSS de la CĂŽte-Nord. Il sâagit ici dâinfirmiĂšres, dâinfirmiĂšres auxiliaires, de technologues, de prĂ©posĂ©s et autres professionnels qui quittent le rĂ©seau pour rejoindre les agences privĂ©es. La main-dâĆuvre indĂ©pendante a progressivement remplacĂ© les retraites et les dĂ©parts dans un rĂ©seau Ă©puisĂ© et sous pression jusquâĂ occuper plus de 60 % des postes dans nos hĂŽpitaux. La santĂ© de notre population et la capacitĂ© de nos salles dâurgence Ă accueillir des malades et Ă les soigner en dĂ©pendent maintenant entiĂšrement. On ne peut sâen passer.
Tout comme le MinistĂšre et le gouvernement actuel, nous dĂ©plorons le recours chronique Ă la main-dâĆuvre indĂ©pendante et nous souhaitons ultimement que ces professionnels rĂ©intĂšgrent le rĂ©seau et sâĂ©tablissent chez nous durablement au sein de la fonction publique. Mais cette main-dâĆuvre, qui reprĂ©sente maintenant lâessentiel de nos forces, nâhabite pas notre rĂ©gion et sây dĂ©place pour y travailler.
Ă partir du 19 mai, de nouvelles rĂšgles mises en place au ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux effacent lâessentiel des avantages de notre main-dâĆuvre indĂ©pendante, qui cessera alors en bloc de venir travailler dans notre rĂ©gion. Ces mesures visent la rĂ©intĂ©gration des professionnels dans le rĂ©seau, mais elles sont inapplicables et dangereuses sur la CĂŽte-Nord. Les infirmiĂšres et autres travailleurs rĂ©intĂ©greront le rĂ©seau proche de leur domicile, laissant ainsi un trou bĂ©ant dans les services essentiels des Nord-CĂŽtiers.
Le 19 mai, nous devrons fermer plus du tiers des lits de santĂ© physique dans les hĂŽpitaux de Sept-Ăles et de Baie-Comeau pour une pĂ©riode indĂ©finie. Nos salles dâurgence ne fonctionneront quâĂ une fraction de leur capacitĂ© actuelle et nâauront plus de soupape de dĂ©bordement, mĂȘme pour des patients gravement malades. Des dizaines de patients seront transfĂ©rĂ©s inutilement vers les grands centres et hospitalisĂ©s Ă des centaines de kilomĂštres de chez eux, engendrant des coĂ»ts faramineux et des dĂ©lais de transferts Ă©vitables. Tous les services hospitaliers seront atteints, notamment le bloc opĂ©ratoire oĂč des rĂ©ductions de plus de 50 % des activitĂ©s sont planifiĂ©es. Lâenjeu de sĂ©curitĂ© et les risques de consĂ©quences dĂ©lĂ©tĂšres sont rĂ©els pour les patients. Des Ă©quipes de soignants dĂ©jĂ fragilisĂ©es sâĂ©puiseront et il y aura un effritement du recrutement, de la rĂ©tention de mĂ©decins et de pharmaciens Ă long terme.
Le 19 mai, la CĂŽte-Nord devient essentiellement un immense territoire quĂ©bĂ©cois sans rĂ©seau de santĂ© fonctionnel capable de prendre en charge les besoins de sa population. Et cette population devra sâexiler Ă des centaines de kilomĂštres pour recevoir des soins appropriĂ©s, ajoutant un stress supplĂ©mentaire sur dâautres Ă©tablissements. Si le gouvernement veut Ă©liminer le recours Ă la main-dâĆuvre indĂ©pendante dans le systĂšme de santĂ© en rĂ©gion, il doit mettre en place des incitatifs pour quâelle sây installe et quâelle y demeure. En attendant, nous avons besoin de la main-dâĆuvre indĂ©pendante pour faire fonctionner nos hĂŽpitaux. Câest une rĂ©alitĂ© incontournable.
Cette crise est accĂ©lĂ©rĂ©e inutilement par des dĂ©cisions politiques et un manque dâĂ©coute face Ă notre rĂ©alitĂ© rĂ©gionale. Les solutions ne peuvent ĂȘtre les mĂȘmes dans lâensemble du rĂ©seau, sur tout le territoire du QuĂ©bec. Il faut trouver rapidement une voie de sortie de crise. Nous le devons Ă nos proches et Ă nos patients.