Pionniers de Fermont
Les défis du premier maire
par Ăric Cyr
Originaire de la rĂ©gion de Charlevoix, le premier maire de la Ville de Fermont, Jean-Claude MĂ©nard, conserve de trĂšs bons souvenirs de son passage dans le Nord quĂ©bĂ©cois. Câest aprĂšs avoir connu sa femme Ă Sept-Ăles quâil est arrivĂ© Ă Gagnonville, en octobre 1959, oĂč leurs trois enfants sont nĂ©s. Il a par la suite Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© par la Compagnie miniĂšre QuĂ©bec Cartier en 1971 Ă titre de premier directeur des opĂ©rations sur le nouveau site du projet du mont Wright qui venait de commencer en 1970 lorsque lâentreprise a lancĂ© les travaux prĂ©paratoires Ă lâexploitation miniĂšre.
AprĂšs avoir atterri sur le lac Daviault en avion de Havilland Beaver Ă©quipĂ© de skis, M. MĂ©nard sâest immĂ©diatement mis Ă lâĆuvre. Il a plus tard Ă©tĂ© nommĂ© au poste de maire par le lieutenant-gouverneur du QuĂ©bec, en 1974, aprĂšs une recommandation de la miniĂšre qui lui avait donnĂ© carte blanche pour lâavancement de Fermont et lâinstauration de structures nĂ©cessaires au bon fonctionnement des rouages municipaux. « Je me souviens trĂšs bien du 15 octobre 1974 qui fut pour moi un jour mĂ©morable. CâĂ©tait mon 15e anniversaire au sein de la compagnie et lâon a fait sauter la calotte du mont Wright dans le cadre dâun impressionnant dynamitage considĂ©rĂ© comme lâun des plus gros Ă ciel ouvert au monde Ă lâĂ©poque. La manĆuvre destinĂ©e Ă casser et Ă pulvĂ©riser la roche sur le dessus de la montagne a nĂ©cessitĂ© la plus importante quantitĂ© dâexplosifs jamais utilisĂ©e par la miniĂšre Ă ce moment-lĂ . Cela coĂŻncidait aussi avec le jour de lâinauguration officielle de la Ville de Fermont et de ma nomination au poste de maire », confie le bĂątisseur qui a menĂ© Ă terme plusieurs dossiers dâimportance comme la construction dâun chemin dâhiver temporaire pour relier Fermont Ă Labrador City qui a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă lâentrepreneur RĂ©al Ste-Marie au printemps 1971. Lâobjectif Ă©tait de parvenir Ă transporter des Ă©quipements Ă Fermont et au mont Wright puisque le chemin de fer Cartier arrĂȘtait Ă Gagnon et ne se rendait pas sur le site minier. Le matĂ©riel arrivait donc Ă Wabush au Labrador par le chemin de fer QNS&L. La route actuelle a Ă©tĂ© construite par H. J. OâConnell en 1972.
« On Ă©tait enthousiastes de concrĂ©tiser lâambitieux projet de Fermont. Ă ce moment-lĂ , les cadres restaient dans des roulottes Ă Wabush avec des gens de lâentreprise Mannix qui supervisait les travaux de gĂ©nie civil et la construction des infra-structures. Par la suite, jâai habitĂ© dans le campement de chantier avec les employĂ©s de la construction au mont Wright avant quâil brĂ»le. Il nâa jamais Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que la cause de lâincendie Ă©tait de nature criminelle, cependant câĂ©tait une pĂ©riode tumultueuse pour le mouvement syndical au QuĂ©bec » poursuit M. MĂ©nard qui a par la suite dĂ» composer avec la faillite du promoteur du centre commercial peu de temps aprĂšs lâachĂšvement de ce projet en 1976 en tentant de trouver des solutions, ce qui a nui selon lui au dĂ©veloppement Ă©conomique local puisque les gens ont pris lâhabitude dâaller magasiner au Labrador voisin.
Lâexpansion de la mine de Mont-Wright nĂ©cessitant une main-dâĆuvre accrue et ne pouvant compter sur les travailleurs de Gagnon pour combler les effectifs depuis lâouverture de la nouvelle mine de Fire Lake en 1977, QuĂ©bec Cartier a recrutĂ© dâanciens travailleurs de la mine de cuivre de Murdochville, en GaspĂ©sie, qui avait Ă©tĂ© fermĂ©e en 1970 et dont plusieurs nâavaient pas Ă©tĂ© rĂ©intĂ©grĂ©s lors de sa rĂ©ouverture en 1973.
« On souhaitait bĂątir une ville autonome et moderne et pour y parvenir on vendait des maisons Ă un prix ridicule afin dâattirer sur place des travailleurs et leurs familles et de stimuler lâappartenance au milieu. Il y a eu la crise du fer dans les annĂ©es 1980 qui a fait mal. Fermont sâen est bien tirĂ© comparativement Ă dâautres villes miniĂšres, mais ça, câest une autre histoire. »
M. MĂ©nard a Ă©tĂ© maire durant 10 ans. Dâabord nommĂ© pour une pĂ©riode de cinq ans, il a ensuite Ă©tĂ© Ă©lu pour quatre ans avant dâĂȘtre rĂ©Ă©lu. Il a occupĂ© son poste durant une autre annĂ©e, mais nâa pas pu effectuer la totalitĂ© de son dernier mandat puisquâil a acceptĂ© un poste Ă lâĂ©tranger.